Pour la quatrième année consécutive, l'association "Monts 14" invite les habitants du 14e à ses journées "Portes ouvertes ateliers d'artistes du 14è " . Elles auront lieu le week-end du 8-9 mai. Cette année le programme s'enrichit avec la participation du Musée du Montparnasse. Il y aura donc trois pôles, à savoir le quartier Daguerre et le Musée Adzak comme les années précédentes, mais aussi, nouveauté, le Musée du Montparnasse. Des lieux alternatifs comme le Bistrot 48 ou le Bock de Bohème mettront de l'animation dans le 14è .

But de l'opération ? Soutenir les artistes avec l'appui de la population et faire connaître l'empreinte du Montparnasse d'autrefois. La rue Daguerre sera en fête le soir du vernissage avec des pianistes et des accordéonistes ; elle accueillera des exilés comme Pierre Labrot et Nicolas Ballif dans des lieux alternatifs (laverie automatique, "bistrot 48", café "Le Naguère"). Tous les ans, deux ou trois artistes quittent le quartier sous la pression de la spéculation immobilière . Le sculpteur Zorko est de ceux-là. Il s'est battu pendant 20 ans pour rester dans son atelier du 54 rue Montparnasse où avait travaillé Brancusi. Il figurait aux côtés de Zao-Wou-Ki et César parmi les invités d'honneur du salon des artistes à la mairie du 14e. Jusqu'au jour où un nouveau propriétaire a réussi à le chasser sans que personne ne le défende. Il figurera dans ces journées portes ouvertes en tant qu'hôte dans l'atelier d'Escoffier et au musée Adzak.

Cela fait longtemps qu'il n'y a presque plus d'artistes rue Campagne Première et rue Boissonade, le berceau des artistes de Montparnasse, où on trouve plus de 200 ateliers d'artistes, le plus souvent construits à l'aide des matériaux récupérés lors des expositions universelles de 1889 et 1900. Mais il y en a encore quelques uns dans le quartier Daguerre, notamment au n° 43 rue Liancourt. Certains vivent même dans des endroits mythiques comme le 51bis rue du Moulin Vert où vécu Giacommetti. Plus au sud, dans la villa Leone, d'autres trouvent l'inspiration dans un cadre champêtre à découvrir absolument. D'une manière générale, l'intérêt de ces portes ouvertes, c'est aussi de voir une variété de lieux de création insolites et méconnus. Les artistes en vogue au siècle dernier, comme Gustave Germain, maintenant oublié, travaillaient dans de magnifiques logements-ateliers dotés de grandes baies vitrées. Visiter tous ces lieux, c'est retrouver un peu l'âme de Montparnasse. Une façon de mieux connaître le 14e.

On peut citer parmi d'autres Partarrieu, Valentin, Soulas, Angelot. Partarrieu a apparemment été influencé par la tradition des scènes antiques : il représente des vierges entourées de satyres. Son expression rappelle aussi celle du Caravage, par le contraste entre de fort jolies femmes, à la fois rayonnantes de pureté et objets de désir, et des individus d'une réalité plus prosaïque. Ses modèles masculins rappellent les habitants du pays basque. Michel Bron, surnommé Valentin, mi-poète mi-peintre, anarchiste par dessus tout, est un personnage attachant du quartier Daguerre. Quand il manie le verbe, vivre même devient un art. Il a exposé avec des surréalistes comme Max Ernst ; sa peinture, figurative avec éclectisme, a évolué vers une expression moyen-âgeuse. Olivier Soulas cultive un art de vivre à la Brassens dans un petit Montrouge dont il ne veut voir que les airs de campagne. Il a créé un lieu très pittoresque, mi-commerce mi-atelier, où l'on déniche des objets curieux, des vêtements des années 50-60, des productions artisanales... ou sa propre peinture, avec une prédilection pour les nus. Lubitch, surnommé Angelot, est un artiste maudit, qui vit son art jusqu'au dénuement extrême. Son expression est brute, mais avec une sensibilité et un goût certain.

Certains métiers d'art se sont joints aux peintres et sculpteurs : créateurs de mode, ateliers d'impression, réparateur d'accordéons, ateliers de photo. Dans un registre différent et pour le moins original, un fabricant de prothèses dentaires réalise d'étonnantes sculptures et peintures sur dent.

points de rencontre : bistrot 48 au n° 84 rue Daguerre & musée Adzak, 3 rue Jonquoy
horaires : vernissage vendredi à partir de 18 h et samedi-dimanche de 15 h - 20 h