Après le triomphe de la première Exposition Universelle de 1855, Napoléon III prépare celle de 1867 qui marquera l'apogée du Second Empire. Paris refaçonne son urbanisme. Les pioches du baron Haussmann, préfet de la Seine, Directeur des "Grands Travaux", construisent des églises, des collèges, des casernes, des monuments; elles décorent la place de la Concorde, aménagent les places de la Capitale, percent des rues, des boulevards. L'avenue René Coty, reliant la place Denfert-Rochereau à l'entrée Nord-Ouest du parc de Montsouris est une des plus belles rayonnantes.

Elle fut ouverte en 1865 dans le prolongement du boulevard d'Enfer (futur boulevard Raspail) sous le nom d'Avenue Montsouris pour conduire, par une belle promenade "à rembla" centrale, au Parc de Montsouris dont les travaux d'aménagement allaient commencer.

Un drame allait marquer son inauguration. Constatant devant les officiels et les personnalités invitées que le lac s'était vidé durant la nuit, l'architecte se suicida, à l'instar de Vatel !

L'avenue René Coty a été creusée en tranchée à travers le plateau de Montsouris, ce qui explique la succession d'escaliers pittoresques qui y descendent depuis les rues des Artistes, de l'Aude et Saint Yves, accès datant de 1878.

La voie reçut en 1899 l'appellation d'avenue "du Parc de Montsouris" qui traduisait bien sa vocation. Mais, en 1964, ce nom a été remplacé par celui du Dernier Président de la IVème République : René Coty.

Parmi les beaux immeubles de l'avenue, on relève :

• au n°6-8, la façade étonnante d'un immeuble de logement social des années 30
• juste après, l'arrière de la maison de retraite La Roche-Foucauld où tombe en ruine un bâtiment ancien,
• en face la grange considérée comme la plus vieille bâtisse de cette partie du 14ème,
• au n°41, la fondation Louise Koppe où se trouve une maternelle. C'est là qu'on vit, un soir de 1995, l'abbé Pierre assis sur une chaise avec, à la main, un bol de soupe apporté par une âme compatissante, attendant l'ouverture de la porte pour installer la trentaine d'immigrés qui l'accompagnaient,
• le n°48, bâti en 1927, pour en faire son atelier, par le peintre et architecte Lenormant. Malheureusement, le mur blanc est entièrement recouvert de graffitis (que les propriétaires ont renoncé à faire effacer) où l'on recherche en vain "lart nouveau" qu'y décela un Ministre de la Culture qui leur consacra une exposition.
• l'art nouveau est plutôt à rechercher dans l'immeuble du n°42, assurément le plus remarquable.

Cet immeuble d'angle (avec la rue des Artistes) a pour architecte Emmanuel Ladmiral. Il est composé d'un corps de bâtiment d'un seul tenant avec, au rez-de chaussée quatre ateliers d'artistes avec larges baies puis trois étages sur entresol avec balcons et treillage bois.

Très souvent filmé par les réalisateurs de films, notamment pour "Les rats de Montsouris" (l'origine de Montsouris est "Moque-Souris"), le n°42 figure sur le guide des visites de Paris et sert de modèle aux élèves de l'école d'architecture.

Sa richesse artistique et ses formes harmonieuses avaient tellement impressionné le sculpteur Georges Chevalier qu'il faisait de temps en temps un détour pour les admirer.

C'est un coin du 14ème que le dialoguiste Audiard, les écrivains Miller, Anaïs Nin, le sculpteur Orloff, les peintres Dali, Gromaire, Seurat, Soutine et les architectes Lurçat, Perret, - ayant tous eu un domicile ou un atelier à la villa Seurat - aimaient arpenter à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. A partir de 1909, c'est Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine, habitant rue Marie-Rose, qui passait par là pour gagner le parc Montsouris où il^rêvait à ... la Sainte-Russie.