MONTS 14 : Le Lycée Raspail bientôt démoli

MONTS 14

Association de Sauvegarde
du Patrimoine
du 14 ème arrondissement

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LE LYCEE RASPAIL BIENTOT DEMOLI

L'inquiétude grandit au voisinage du carrefour Raspail - Edgar Quinet et fait place à la colère. Que nous cache-t-on ? Que nous prépare-t-on en secrêt ? Et pourquoi ce secrêt ?

Après la lente décrépitude dans laquelle on a laissé tomber le Lycée Technique, dès avant sa fermeture, après le mépris de l'environnement dont on a témoigné en laissant les Postes construire un immeuble industriel affligeant, après la légèreté avec laquelle on a admis le départ du Centre Américain, élément important du patrimoine architectural et culturel du quartier, après d'autres indices moins graves mais significatifs d'un souci de faire passer l'utilitaire avant le symbolique, comme l'abandon des petits pavés de la rue Campagne Première, tout porte à craindre le pire, et l'Association Monts 14, qui avait organisé une réunion d'information le 15 octobre 1998 n'a pu qu'enregistrer l'unanimité de cette inquiétude et de cette colère des habitants qui assistent impuissants aux évolutions de leur cadre de vie, alors qu'ils auraient tant à dire.


CITES ET PASSAGES A RESPECTER

L'enjeu est important : ancienne porte de la Barrière d'Enfer, comme sa voisine la place de la Gaité qui, elle, ne cesse de progresser en animation et en équipement, ce carrefour Raspail-Edgar Quinet souffre de ses cent mètres de désert le long du Lycée Technique qui en chassent l'attrait et l'animation. Or de combien d'atouts dispose ce lieu historique et vivant à la fois ?

C'est d'abord la rue Campagne Première, avec son célèbre immeuble d'ateliers décoré de mosaïques de grès flammé de Bigot, mais aussi ses charmants immeubles anciens tels l'hôtel Istria où vécurent tant d'artistes, Kisling, Picabia, Aragon, Elsa Triolet, Man Ray, Satie, Maïakovski, Tzara... Ces immeubles heureusement rendus visibles actuellement par le dégagement de la cour boisée du lycée technique, méritent d'être les supports de la future composition paysagère, et il serait criminel de les occulter par des bâtiments denses bordant la rue jusqu'au carrefour.

C'est l'accès au Passage d'Enfer qui mérite de ne pas rester toujours ignoré et presque délabré.

C'est la Cité Nicolas Poussin, jolie cité d'artistes à l'architecture originale qui, avec la Maison des Etudiantes voisine perpétue la fréquentation du site par la jeunesse étrangère, menacées par le départ du Centre Américain.

Ce sont ses deux terrasses de café, chargées elles aussi de souvenirs, comme le Raspail Vert, ou décorées de témoignages de la Belle Epoque, qui servent de forum aux nombreux établissements d'étudiants et d'artistes qui animent ces lieux.

Ce sont les belles ferronneries de Guimard, soigneusement entretenues de la station de métro Raspail.

Ce sont les immeubles, construits entre 1900 et 1930, témoins des espoirs nés de l'ouverture du boulevard Raspail au début du siècle, qui malgré les dernières constructions d'après guerre, leur béton et leur gabarit, devraient servir de cadre à tout aménagement futur.

Leurs pignons, aveugles et orphelins, ont d'ailleurs été scandaleusement ignorés par ce plan d'aménagement de la Poste. C'est enfin l'exceptionnelle vie de quartier qui anime ces lieux, autour des rues Boissonnade et Campagne Première, sans doute un des derniers bastions de la vie à la fois villageoise et cosmopolite du Montparnasse du début du siècle, tournée vers les étudiants et les artistes.

Tout dans ce paysage mérite la plus grande attention. Et voici que l'occasion se présente d'aménager enfin ces lieux d'une façon digne de se potentialités et de son âme. On n'a pas le droit de gâcher cette chance.


POURQUOI GARDER LE SILENCE ?

Cependant un tel site urbain appartient à ses habitants, ils ont le droit de participer à leur avenir. D'autre part, aucun aménagement nouveau ne réussira si la population ne se l'approprie pas, aucune greffe ne prendra si elle n'est pas désirée et acceptée.

Alors pourquoi ce silence ?

On parle d'un lycée hôtelier; pourquoi pas ? Oui s'il permet de sauvegarder au moins autant de verdure que l'ancienne cour boisée du lycée technique et s'il dégage, autant qu'à présent, les belles façades de la rue Campagne Première, oui s'il rétablit, dans l'esprit du quartier, une continuité architecturale avec le bel immeuble de pierre de taille voisin; oui s'il est conçu pour faciliter l'intégration de ses élèves dans l'animation estudiantine du secteur, depuis l'Ecole d'architecture jusqu'à la Maison des Etudiantes par une ouverture architecturale et fonctionnelle sur l'extérieur.


DES ERREURS A NE PAS RECOMMENCER

Non s'il s'agit de caser là un établissement utilitaire, normalisé, autonome et fermé, indépendant de ses voisins et bordé par une façade fermée et aveugle sur un trottoir désert, ce qui ne manquera pas d'arriver si l'on persiste à ignorer les habitants et à les tenir à l'écart de sa conception. Non s'il s'agit de recommencer la scandaleuse erreur de l'établissement de la Poste, avec son architecture mal conçue, ses quatre cheminées disparates, ses abords et ses clotures dignes d'une zone industrielle. Comment les pouvoirs publics ont-ils pu décider une telle chose ? Comment peut-on éviter que se reproduisent de telles erreurs ?


J. Tutenuit retour à la page précédente 10/02/99