Le Montparnasse des années 20 allait du quartier de la Gaîté jusqu'à l'Observatoire. Il incluait en partie le village du petit Montrouge, intégré à Paris en 1860 : on voit encore aujourd'hui plusieurs petites rues bordées de maisons à l'allure villageoise avec des jardinets et même parfois des arbres et des fleurs. Au début du siècle, on pouvait s'y loger facilement, notamment vers la Closerie des Lilas. De la rue Boissonnade à la rue Huyghens, de nombreux ateliers d'artistes venaient d'y être construits grâce aux expositions universelles qui apportaient du travail aux artistes, mais aussi des matériaux récupérés lors de leur démolition. Au début du siècle, des artistes comme Modigliani y survivaient dans une misère noire : ils se restauraient "à bon compte..." en échangeant un tableau, un dessin, un poème chez Rosalie, rue Campagne Première, où ont habité aussi Rimbaud et Verlaine. Les soirées poétiques de Blaise Cendrars au 6 rue Huyghens réunissaient en 1916 Apollinaire, Max Jacob et d'autres poètes avec Eric Satie au piano. Dans les années 20, moult artistes quittèrent Montmartre pour s'installer sur ce territoire d'art et de pauvreté. L'art nouveau était enfin reconnu et ce furent les années folles de Montparnasse. Du Dôme que fréquentait Cocteau à la Rotonde et au Sélect, en passant par La Coupole, on rencontrait un monde cosmopolite et des individualités de caractère comme Man Ray, Picabia, Kiki, Elsa Triolet.

Après la seconde guerre mondiale, ce quartier est resté une pépinière d'artistes dont certains très connus comme Georges Brassens qui vécu longtemps impasse Florimont, comme le sculpteur César qui a gardé son atelier rue Roger. Les anciens ateliers d'artistes qu'on découvre au détour des rues font le charme du 14me, comme l'atelier de Giacommetti rue du Moulin Vert, le portail du sculpteur Mazei rue Bauer ou la cité Nicolas Poussin, située en face de la rue Boissonnade et de l'ancien Centre Américain, où travaillent encore des artistes américains.

L'association Monts 14 demande à la ville de Paris de préserver ces ateliers mais aussi, d'une manière plus générale, le bâti ancien de type "petit Montrouge". Par exemple, près de Montparnasse, devraient être mis en place des périmètres de sauvegarde autour des rues du Maine, de la Gaîté, Boissonnade et Campagne Première. Au n° 69 rue Raymond Losserand, l'association vient d'obtenir que soit gardé un "Château Ouvrier", étonnant témoignage du passé. Cet immeuble d'inspiration Fouriériste, d'apparence noble, fut conçu en réalité pour loger une population ouvrière, dans un 14me qui devenait de plus en plus industrieux à la fin du XIXme siècle.

Vous pouvez vous procurer cette étude en contactant l'association.