MONTS 14 : Le musée du Montparnasse

MONTS 14

Association de Sauvegarde
du Patrimoine
du 14 ème arrondissement

63 rue Daguerre - F 75014 Paris
Tél : 01 43 20 11 62
http://www.chez.com/paris14eme

Email: paris14eme@chez.com


LE MUSEE DU MONTPARNASSE

Le récent Musée du Montparnasse, sis 21 avenue du Maine, a ouvert ses portes au public le 28 mai 1998. Régie par la loi de 1901, cette association réunit de nombreuses figures de l'art et de la culture et oeuvre pour faire vivre ce lieu de mémoire, patrimoine historique et culturel du Montparnasse.


UN GRAND LIEU DE MEMOIRE

A travers ses expositions successives, il retrace la grande époque artistique de Montparnasse, ses peintres, et sculpteurs, ses poètes, ses cafés enfumés du carrefour Vavin, ses bals, ses boîtes exiguës d'où partit la mode du jazz et du blues et les cités d'artistes. Elle a pour objet de protéger un des derniers lieux de mémoire de ce quartier, célèbre dans le monde entier, et de faire revivre et animer ce site historique.

Le musée est situé dans une magnifique petite allée du début du siècle, envahie par la vigne vierge, les clématites et toute sorte de verdure, et son charme est d'autant plus remarqué qu'elle se situe au pied de la tour Montparnasse, emblème du pouvoir du béton qui a enseveli le quartier dans les années 70.

Il s'inscrit vraiment dans la tradition de ce que fut Montparnasse, puisqu'il est le résultat de la volonté de quelques uns qui ne voulaient pas laisser cet endroit magique disparaître comme une bonne partie du quartier, sous les bulldozers et les projets immobiliers. C'est tout le quartier qui s'est mobilisé pour lutter contre cette disparition, grâce à l'intervention de très nombreuses personnalités des milieux culturels et politiques, ainsi qu'à la pétition qui a rassemblé plusieurs milliers de signatures.

Et les lieux parlant d'eux-mêmes de ce qu'ils avaient vu et connu (la célèbre Cantine des artistes de Marie Vassilieff, son Académie russe, le poète et sculpteur surréaliste Jean-Pierre Duprey, l'atelier de Gromaire, celui des architectes Gromorre et Arretche...) ont conduit tout naturellement à invoquer la nécessité d'un lieu de mémoire : il fallait rendre hommage à ces murs et à leur histoire.


LA CANTINE DES ARTISTES DE MARIE VASSILIEF

Ce musée existe sur les lieux-mêmes où Marie Vassilieff avait ouvert sa cantine des artistes en février 1915. Pendant la guerre 14-18, les artistes étrangers, malgré le soutien du gouvernement français, sont pour la plupart dans une situation précaire. Pour 50 centimes, tous les Montparnos ont accès à la popote de Marie. Considérée par la police comme un club privé, la cantine n'est pas soumise au couvre-feu. Tous ses plus grands pensionnaires y font la fête chaque soir. Elle y reçoit aussi Lénine et Trotsky, ce qui lui vaut des ennuis avec la police : elle est condamnée par un tribunal militaire et n'est libérée que grâce à l'intervention d'Anatole de Monzie, qui lui achète des toiles, et de quelques personnalités qui témoignent de sa bonne foi.

Lors de sa première exposition, le musée a notamment exposé le fameux banquet de Braque, dessiné par Marie Vassilief et qui retrace la convalescence de Braque qui avait été blessé au combat. Marie avait organisé ce banquet conformément à la tradition artistique parisienne, en conviant tous ses amis, dont Picasso, Juan Gris, Léger, Matisse, Cendrars, Alfredo Pina, Béatrice Hastings, Halvorsen... sauf Modigliani qui y fit une entrée remarquée.


L'ART PLUS QUE L'ARGENT

Ce lieu est rempli d'anecdotes en tout genre : il suffit de dire "Montparnasse" et surgissent les silhouettes de Modigliani, déclamant en titubant au long du boulevard les stances de la Vita nuova, de Kisling, de Foujita, de Pascin tout de noir vêtu... Puis s'allument les lumières du Dôme et de La Rotonde, tandis que retentissent les accents sémillants et langoureux des biguines du Bal Nègre, et au Jockey, les éclats cuivrés du jazz. Ce musée est fait précisément de rencontres de personnes qui croient fermement que tout ceci ne peut être oublié. Pierre Restany écrit : "ce qui a sauvé Montparnasse, c'est que l'on y a toujours beaucoup plus parlé d'art que d'argent". En dehors des sentiers institutionnels, c'est aussi l'aventure de quelques uns qui, avec peu de moyens mais une foi inébranlable, offrent à d'autres la possibilité de participer avec eux à la construction de ce rempart de la mémoire. Il est "la vitrine d'un espoir tangible et actuel, celui d'un humanisme du quotidien, d'une esthétique de la proximité" (Pierre Restany). Cet âge d'or est encore présent dans tous les esprits, et on revient à Montparnasse pour se souvenir, car les artistes n'ont jamais vraiment quitté les lieux.


Krystel Boula retour à la page précédente 10/02/99