L'architecte Mangin est un enseignant éminent de l'école d'architecture de Versailles. Dans le cahier des charges, il était prescrit que les immeubles devaient présenter un "séquençage" vertical avec des variations ou des coupures. Mangin n'en a eu cure, gageant que son esthétique de tiroirs allait plaire. Mais l'art ne peut se renouveler s'il se limite aux balcons; ce n'est pas avec ce genre de réalisation que l'on parviendra à sortir de l'univers monolithique du cube de béton.

Côté rue, les façades affichent de façon sympathique des détails ornementaux tels que corniches, parements en pierre de taille. Toutefois, la modernité est mal dissimulée; elle se trahit avec ces fenêtres étroites trop proches des angles. Et elle ne se cache plus à l'arrière des bâtiments où l'architecture de béton à plans lisses reprend ses droits.

A la demande des associations, la COGEDIM s'était séparée du cabinet d'architecte Du Sapin et Leclerc qui voulait réaliser là une oeuvre hypermoderne. Elle l'a remplacé par Charpentier, architecte très connu pour avoir réalisé l'opéra de Shangaï : l'immeuble proposé par celui-ci est pourtant d'une banalité affligeante, avec des balcons proéminents qui se répètent mécaniquement à tous les étages. Certes, c'est mieux que l'horrible bâtiment de l'Institution Reille auquel il est accolé, mais il était difficile de faire pire. Face au parc Montsouris, site sensible, la médiocrité est vraiment désolante. L'association est actuellement en contact avec la COGEDIM pour que l'architecte améliore l'aspect du bâtiment. Un profil plus haussmannien pour les derniers étages, avec des retraits plus dégradés, permettrait de réduire l'uniformité de 7 étages rigoureusement identiques. Enfin l'association demande que les balcons soient traités avec davantage de finesse.

Ce projet est un des plus intéressants de la ZAC. Le bâtiment se subdivise en ailes qui laissent une impression de grande diversité, comme si on avait réalisé plusieurs immeubles en un. Chaque logement est individualisé comme dans les constructions d'un ou deux étages. Selon ses préférences, on peut opter pour la douceur de la brique ou les larges baies modernes inspirées par Peret, ces deux sensibilités paraissant se conjuguer harmonieusement.

L'architecte Maurios est un fervent admirateur de Le Corbusier pour ses côtés positifs. On devine qu'il s'inspire de sa découpe de l'espace dans le bout d'immeuble consacré aux logements face au parc Montsouris. Son immeuble de bureaux est mal venu dans le site, mais la faute en incombe au plan d'aménagement. Un architecte d'aujourd'hui va-t-il passer outre les plans lisses des façades, l'uniformité des détails répétés 36 fois à l'identique, apanage bien connu des immeubles de bureaux. A signaler que le tronçon préservé de l'aqueduc des Médicis est bien mis en valeur dans le patio de l'immeuble de bureaux et à l'entrée de la station du RER.

L'architecte Madec nous offre ici un vrai cube !